LA BEAUTE
Sous les pieds du désert, la beauté prend patience
Elle naîtra peut-être de l’épine dans le talon d’un nouveau né,
ou d’un foisonnement d’oracles à l’embouchure du silence,
ou du parfum d’un trait entre le cri de l’oeil et l’hégémonie des couleurs,
mais toujours à partir d’un rien, comme une montagne d’un chant de pâtre.
La beauté naîtra !
Aussi évidente qu’un lait de brume sur l’aréole des matins.
Elle aura pour berceau l’espace et le confinement,
la laideur et le ciel marin,
tout ce qui fait le sang de son enfantement.
Contre les sentences des codes,
malgré les griffons noirs assis sur les marches du trône,
la beauté naîtra par surprise,
par violence ou détournement,
ou par magie d’esprit, dans la bure épaisse d’une folie élaborée !
Et ce sera tresses d’azur dans l’échancrure des grottes
et ce sera l’effarement des dunes,
confites dans la comptabilité béates des ondulations
La beauté naîtra !
Que les vagues le disent aux plages pachydermes :
Quelle que soit sa mature, elle accostera sur nos ères comme un galion d’épices
pour l’ivresse des vents de terre,
et ce sera jeux de vitrail dans la composition des pistes neuves à fouler.
Qu’on l'assène aux masques assoupis sous la férule des beffrois !
Ils peuvent faire rouler les dés,
ils peuvent biseauter les cartes,
la beauté viendra du dehors,
par le chemin inexploré,
par la douve vouée à la fermentation des herbes,
par les premiers mots de l’enfant devant la porte condamnée !
La beauté viendra.
Déjà, des géométries impalpables s’instaurent entre le geste ancien et le battement d’ailes,
déjà dans les pierres grises, une oasis mûrit
Regarde mieux !
Non pas le cavalier et sa fanfare d’orgueil, mais la sculpture du vent entre sa monture et le ciel.
Regarde mieux !
Tu seras ébloui comme au commencement…
G. de Cagliari